L’EPR de Flamanville pourra être mis en service (avec 12 ans de retard)

Le réacteur de la centrale de Flamanville sera le plus puissant du parc nucléaire français, qui en comptera désormais 57.

La centrale de Flamanville, en avril 2024.

La centrale de Flamanville, en avril 2024. LOU BENOIST / AFP

C’est l’épilogue d’un long feuilleton : le gendarme du nucléaire français a donné mardi 7 mai son feu vert à la mise en service du réacteur de nouvelle génération EPR de Flamanville en Normandie, avec 12 ans de retard sur le calendrier prévu. Il s’agit d’une étape clé pour le lancement progressif de la production d’électricité, prévu au cours de l’été.

A l’heure où le gouvernement veut construire jusqu’à 14 réacteurs en France, ce feu vert est une étape majeure pour EDF et toute une filière qui entendent tourner la page d’un chantier laborieux de 17 ans, émaillé de multiples problèmes et de surcoûts colossaux.

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« L’autorisation de mise en service » délivrée par l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) va ainsi permettre à EDF de « charger le combustible nucléaire dans le réacteur et de procéder aux essais de démarrage puis à l’exploitation du réacteur », a expliqué le gendarme du nucléaire dans un communiqué.

Regardant la mer, à côté des deux autres réacteurs plus anciens de la centrale de Flamanville, sur la pointe du Cotentin, le réacteur de 1 600 MW sera le plus puissant du parc nucléaire français qui en comptera désormais 57.

Une série de difficultés

Si le démarrage de la production électrique a bien lieu cet été, il interviendra avec douze ans de retard sur le calendrier de départ, pour une facture totale désormais estimée à 13,2 milliards d’euros, selon EDF, quatre fois le devis initial de 3,3 milliards.

Lancée en 1992 comme le fleuron de la technologie nucléaire, sur une collaboration initiale franco-allemande, le réacteur pressurisé européen (EPR) a été conçu pour relancer l’atome en Europe, après la catastrophe de Tchernobyl de 1986, en promettant une sûreté et une puissance accrues. Mais à l’instar du premier chantier d’EPR, lancé à Olkiluoto (Finlande) en 2005, celui de Flamanville démarré en 2007 aura connu une succession de déboires : fissures dans le béton de la dalle, anomalies dans l’acier de la cuve, défauts de soudures...

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Les difficultés ont souvent été imputées à « une forme de désapprentissage » de la filière nucléaire après « une longue période d’absence de projets nucléaires » dans les années 1990-2000, souligne le chercheur spécialiste de l’histoire du nucléaire Michaël Mangeon. A cela s’ajoutent « des études insuffisamment développées (...), des problèmes de gouvernance, de qualité ou encore un contexte réglementaire en évolution continue », énumère-t-il.

Des EPR ont déjà été inaugurés, deux en Chine puis celui d’Olkiluoto, mais les prochains réacteurs qu’EDF compte édifier en France et en Europe seront des EPR2, une version simplifiée, selon l’électricien.

Encore trois avis à obtenir

Le raccordement au réseau électrique n’interviendra que dans plusieurs mois, une fois que le réacteur aura atteint 25% de sa puissance. Ce n’est qu’en « fin d’année » que le réacteur devrait livrer ses électrons à 100% de sa puissance, selon EDF.

D’ici là, EDF devra encore solliciter trois avis de l’ASN : un « avant de démarrer la réaction nucléaire » (une étape qui peut prendre plusieurs semaines), un au palier de puissance de 25%, puis un au palier de 80%, a précisé à l’AFP Julien Collet, directeur général adjoint de l’autorité de sûreté.

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Une consultation du public s’est tenue du 27 mars au 17 avril sur le site internet de l’ASN, recueillant 996 contributions, le réseau Sortir du Nucléaire assurant qu’« un grand nombre d’entre elles sont défavorables ». « Cette mise en service hâtive peut s’expliquer par la volonté du gouvernement de démontrer que son EPR français peut fonctionner et que EDF est venu à bout de ce chantier catastrophique », selon l’association antinucléaire.

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L’ASN assure avoir tenu compte des « interrogations » en introduisant une « prescription supplémentaire » pour qu’EDF « informe, au moins mensuellement », le public de l’avancement de ses essais, selon Julien Collet.

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