« Comment oublier Bernard Pivot ? » : l’hommage de Jérôme Garcin au « Roi Lire »

Bernard Pivot en 1998. Journaliste et écrivain présentateur de l'émission « Apostrophes », il fut président de l’Académie Goncourt de 2014 à 2019. COLLECTION CHRISTOPHEL VIA AFP

Il fut un merveilleux passeur des lettres, l’animateur inspiré d’« Apostrophes », l’émission littéraire au succès inégalé. Tous les vendredis soir pendant quinze ans, Bernard Pivot a démocratisé la lecture en direct à la télévision. Il est mort à Paris ce lundi 6 mai à l’âge de 89 ans.

Par Jérôme Garcin

Publié le 6 mai 2024 à 17h01, mis à jour le 9 mai 2024 à 14h05

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Il avait été sacré « Roi Lire », mais avait toujours gardé une simplicité de page, une modestie de vassal. L’apparat n’était pas pour lui, il le réservait à ses invités. D’ailleurs, aux temps lointains de sa gloire cathodique, il recevait sur son plateau les plus grands écrivains, intellectuels, acteurs, politiques, mais les interrogeait avec l’unique souci de les mettre en valeur et d’être, auprès d’eux, l’interprète visible de l’invisible grand public. Même quand il savait, il feignait de ne pas savoir. Il se forçait à la candeur. Jamais il ne se haussait du col ni ne volait la lumière aux vedettes d’un soir.

S’il incarnait si bien la TNP, la télévision nationale populaire, c’est qu’il voulait, à la manière de Jean Vilar au théâtre, offrir les plus belles choses au plus grand nombre et permettre d’abord à celles et ceux qui n’ont pas eu la chance d’être élevés dans la culture, et que la littérature intimidait, d’y accéder enfin. Bernard Pivot, ce fils d’épiciers lyonnais qui, adolescent, livrait les clients de son père en triporteur, et dont seuls le…