Le Bénin, laboratoire des restitutions du patrimoine africain

Une affiche annonce le retour, à Cotonou, des œuvres d’art pillées par les troupes françaises lors de la prise d’Abomey en 1892. SERAPHIN ZOUNYEKPE/XINHUA/MAXPPP

Reportage Ce petit pays du golfe de Guinée est devenu un modèle après le retour, en 2021, de vingt-six œuvres conservées jusqu’alors au Musée du Quai Branly. Un premier pas qui en appelle d’autres.

Par Sarah Diffalah (envoyée spéciale au Bénin)

Publié le 27 avril 2023 à 7h30, mis à jour le 25 avril 2024 à 19h10

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Euloge Ahanhanzo Glèlè s’est dirigé droit vers le trône du roi Glèlè. Dressée au milieu de la salle des fêtes du palais présidentiel, la Marina, reconvertie en salle d’exposition, l’œuvre majestueuse, haute de 2 mètres, semblait l’attendre en silence derrière sa vitrine. Le cœur battant, Euloge a ôté ses chaussures et s’est prosterné devant elle, comme le faisaient jadis les sujets du Dahomey. Pendant des siècles, ses ancêtres ont régné sur ce puissant royaume qui s’étendait sur une partie de l’actuel Bénin, et se sont transmis à travers le temps cet impressionnant siège royal. Mais c’est à des milliers de kilomètres de sa terre natale que ce sculpteur de 46 ans a pu voir pour la première fois le trône de son arrière-arrière-arrière-grand-père : c’était à Paris, au Musée du Quai Branly, en 2012. « Comment est-il arrivé là ? » s’était-il interrogé.

Ce trésor faisait partie des trophées accaparés en 1892 par le général Alfred Dodds, à la tête des troupes coloniales françaises, lors de la prise d’Abomey, capitale du royaume dirigé alors par le héros résistant Béhanzin, fils de Glèlè. Il avait atterri en 1893 dans les collections du Musée ethnographique du Trocadéro (devenu Musée de l’Homme en 1937), avant d’être transféré au Quai Branly. Près d’un siècle et demi plus tard, il a finalement ét…