Enquête, profil du suspect, récupération politique… Ce qu’on sait de la mort d’un jeune de 15 ans à Châteauroux

L’adolescent a été poignardé lors d’une rixe samedi dans la soirée. Un mineur, principal suspect, et sa mère de 37 ans ont été interpellés et doivent être présentés à un juge ce lundi. L’affaire, dont les circonstances sont encore méconnues, fait l’objet d’une récupération politique par la droite et l’extrême droite.

Une voiture de la police nationale, en mars 2024 à Paris.

Une voiture de la police nationale, en mars 2024 à Paris. THOMAS HUBERT/SIPA

L’enquête pour homicide volontaire se poursuit après la mort de Matisse, un adolescent de 15 ans, poignardé lors d’une rixe samedi dans la soirée à Châteauroux. Un mineur du même âge, auteur suspecté, et sa mère de 37 ans ont été interpellés, placés en garde à vue et doivent être déférés ce lundi 29 avril au pôle judiciaire criminel.

Si les circonstances de l’agression restent floues, l’affaire est déjà très commentée, surtout par la droite et l’extrême droite qui dénoncent la mauvaise politique migratoire du gouvernement, le suspect étant d’« origine afghane », selon une source proche de l’enquête. « Le Nouvel Obs » fait le point sur cette affaire et sur les réactions qu’elle a suscitées.

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Le motif de la bagarre est encore inconnu

La rixe mortelle est survenue vers 18 heures, samedi 27 avril, sur la voie publique dans le quartier Saint-Denis de Châteauroux (Indre). Un « quartier résidentiel classique » avec « quelques barres d’immeubles » mais pas « classé en politique prioritaire », a souligné le maire, Gil Avérous, qui y vit lui-même, au cours d’une conférence de presse. La victime est décédée à l’hôpital dans la soirée, a précisé la procureure de la République, Agnès Auboin, dans un communiqué transmis dimanche.

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Le flou subsiste ce lundi sur le motif de la bagarre. Une source proche de l’enquête a assuré auprès de l’AFP que cela « n’a rien à voir avec l’islamisme, il n’y a aucun caractère religieux ». Il s’agit d’une « bagarre de rue », a abondé une autre source judiciaire. Selon RMC, le suspect a déclaré en garde à vue avoir été victime de violences et d’insultes de la part de la victime en raison de son origine afghane. Des faits confirmés aux policiers par des témoins d’après le média radio, qui précise que, le matin précédant la rixe, Matisse aurait asséné un coup de poing à son agresseur présumé, le qualifiant de « fils d’Afghan » et l’incitant à retourner dans son pays.

Interrogé par une journaliste sur cette insulte, le maire de Châteauroux a répondu n’avoir « aucune information » sur ce point.

Le suspect déjà visé par deux procédures pénales

L’agresseur supposé, âgé de 15 ans, a été interpellé environ deux heures après la bagarre et placé en garde à vue. Il « n’a jamais été condamné par la justice et son casier est vierge de toute condamnation », a assuré la procureure de la République dimanche, précisant qu’il fait l’objet de deux procédures pénales, dont l’une pour des faits de vols aggravés avec violences.

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Le jeune avait été mis en examen « pour des faits de nature correctionnelle » et placé sous contrôle judiciaire par un juge d’instruction le 22 avril, « seule mesure de sûreté prévue par le code de la justice pénale des mineurs vu son âge, sans condamnation antérieure », a détaillé la procureure.

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La mère du suspect, âgée de 37 ans et sans antécédents judiciaires, également déférée au pôle judiciaire criminel ce lundi, est soupçonnée d’« être impliquée dans les faits de violences survenus le 27 avril », a précisé la procureure de la République.

Une récupération politique à droite

Le fait que l’agresseur soit « d’origine afghane », selon une source proche de l’enquête, sans plus de précision sur sa nationalité, a conduit plusieurs figures de la droite et de l’extrême droite à dénoncer l’action du gouvernement en matière d’immigration.

« C’est un nouveau drame lié à notre politique migratoire », a affirmé Jordan Bardella, tête de liste du Rassemblement national (RN) aux élections européennes, sur X. Le fondateur de Reconquête, Eric Zemmour, a quant à lui décrit l’agression comme un « francocide », un néologisme créé par le polémiste d’extrême droite pour dénoncer les faits divers impliquant des étrangers.

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Même indignation dans les rangs des Républicains (LR). « Aucune tolérance, c’est la prison et l’avion ! » a réagi leur président, Eric Ciotti, sur X. « Les Français veulent une révolution pénale et une vraie loi sur l’immigration », a pour sa part commenté le président des sénateurs LR, Bruno Retailleau.

Le maire (divers droite) de Châteauroux a pourtant précisé à la presse que la famille du suspect est « en situation régulière sur notre territoire ». Les parents de la victime, restaurateurs dans la commune, « ne souhaitent pas qu’il y ait de récupération politique, qu’on parle du RN ou d’immigration parce que ça ne leur ressemble pas », a insisté l’édile. Ils ont été à leur tour entendus ce lundi matin par les enquêteurs, d’après une source proche citée par l’AFP.

Le maire dénonce « l’ultraviolence » des jeunes

Gil Avérous a rappelé que « tous les tenants et aboutissants de cette affaire » ne sont pas connus, mais a pointé le fait que l’interpellation « à deux reprises […] ces dernières semaines » du suspect « n’avait pas permis à la justice une incarcération ». « Et quelques jours après, le même jeune se retrouve dans la rue avec un couteau », a-t-il déploré.

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« Les deux protagonistes, auteur comme victime, ont 15 ans. C’est pour moi la preuve de l’ensauvagement, de l’ultraviolence qu’est en train de connaître notre société chez les mineurs », a estimé le maire. « Il est très urgent de redéfinir une politique en la matière », a-t-il plaidé. Dans une publication sur X dimanche, il avait appelé la justice à faire preuve d’une « sévérité extrême pour enrayer cet ensauvagement qui touche tout notre pays ».

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La mort de cet adolescent à Châteauroux survient après plusieurs faits de violences entre jeunes, comme le passage à tabac mortel à Viry-Châtillon (Essonne) de Shemseddine, 15 ans, près de son collège. Le Premier ministre Gabriel Attal débute ce lundi ses consultations des groupes politiques autour de ses propositions destinées à endiguer la violence d’une partie de la jeunesse. Les discussions débuteront à 17h30 par une rencontre avec la cheffe des députés insoumis, Mathilde Panot, et le coordinateur de La France insoumise, Manuel Bompard.

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